Je vais mettre de côté les choses qui m’intéressent, les choses qui me bouleversent. Parfois un peu, souvent beaucoup. Il y a ce que j’aime et ce que je déteste, tout ces cadres que je pose et qui se dressent, préjugés ou aprioris. Comme j’ai une expérience, petite et immense à la fois, j’ai des goûts, subtils ou impartiaux. C’est plus fort que moi, c’est plus fort que nous, il nous faut des limites, des champs de vision, des champs d’action. Il me faut des codes et des règles pour ce qui ressemble fort à des envies prémâchées !
Imaginez un instant que Marcel soit « hors-champ » !
Qu’on lui retire son « du ». Dénudé alors, dépecé de tout ce qui l’habille, de tout ce qui lui reste de « in » et de branché. A son tour le spectateur pris de panique aperçoit son dernier cadre qui se dérobe. C’est le moment ou l’on perd pied, l’instant magique ou l’urinoir entre dans la galerie, ou la roue fuit le vélo. Les paramètres de notre perception sont insaisissables et les mots comme les idées n’ont que faire de nos pré-requis. Le cerveau joue avec nos cadavres exquis.
Trêve de digression non abusive… Et oui, il y a un sens à tout cela. Rien n’est laissé au hasard.
Maintenant je vais parler de ce que je crois savoir ! Ce qui n’a pas encore filé ou échappé au cadre de mes pensées, de toutes ces choses qu’on accepte, qu’on touche et qu’on regarde sans même les percevoir. Je veux parler et vous l’aurait compris, de ces objets usés. Non seulement par le regard, mais usés par les pieds, les mains, modelés par le corps et le temps. Tout ces utilisés du quotidien qu’on consomme aussi bien. Leur champ d’action restreint, leur usage commun fait d’eux les grands oubliés de notre destiné. Et parfois un je ne sais quoi, un je ne sais qui, transforme ces monstres du standard. Lui… aussi décadré que ses créations. On ne sait pas bien si c’est de l’art, du bricolage ou de la folie ! La tendance est subversive et pas toujours réussie. Le plasticien cris au scandale, implore le concept, veux extraire du contexte. Le technicien juge obsolète. Lui est seul poète. Il s’émeut de voir son reflet dans une spatule 1, de mettre un ventilateur en cage 2, ou même de sifflet avec sa bague 3…
C’est un spécialiste du hors champ, un manipulateur du défini. Il puise dans ce prolongement imperceptible la pertinence d’une nouvelle idée, désigne par des astuces ce qu’on ne voyait pas, ce qu’on ne percevait plus. Il habille et expérimente l’autre côté, celui qui tente de s’échapper, écrasé par les habitudes. Ca, au moins ! On lui doit ...
images IFmag #6 : Aude Fournié, Nolwen Durand, automne 2012
>> dizaÿÑ{er}