Un objet qui se détache, qui s’extrait d’un temps, d’une scène, s’émancipe des limites d’un lieu. Naît de celui-ci il le dépasse. Quand ce temps, cet ‘ins-temps’ prend fin, que ce lieu s’effrite, l’environnement se modifie, cet objet traverse, franchit, s’épanoui dans l’ici comme dans l’ailleurs.
Il est façonné, créé pour, mais est et devient sans. C’est la pièce d’un puzzle en construction et en déconstruction permanente. Un puzzle réversible aux combinaisons multiples ; « la vie » ou chaque chose est à la fois unique et multiple, l’un et le tout, en relation.
L’arrosoir arrosé est un objet d’atelier. Réalisé en partenariat avec un artisan verrier. Produit en petites séries pour le ‘Vert-Nissage’ du 27 Mai 2010 il est confectionné à partir de pièces de laboratoire (bécher, tube à essaie) modifiées, assemblées. La forme use tous les sens du mot expérimental. Dans l’image comme dans les faits. Les tubes à essaie sont évasés, soufflés, puis soudés sur un bécher de 2 litres. La hanse, un cylindre de verre plein est courbé puis fixée. Le geste de l’artisan reproduit avec précision les évasements, les assemblages, contraints et libère le matériau engendrant les formes du projet, les contours de l’objet reproduit mais toujours singulier, original. Chacun de ces arrosoirs raconte l’histoire de sa fabrication, de sa conception, tout en s’affirmant objet d’usage, matière d’usure. La légèreté manie les archétypes, bouleverse les comportements, favorisant et incitant de nouveaux regards. Le dessein ne dit ni le lieu, ni la cause, il offre des possibles…
Images Laure Cabanne, avril 2011
exposition
>> dizaÿÑ{er}